Notre histoire
DEUX INSTITUTS, UNE HISTOIRE
L’École d’urbanisme de Paris est l’héritière d’une des plus longues traditions d’enseignement de l’urbanisme en France à travers l’histoire des deux instituts dont elle est issue : l’Institut d’urbanisme de Paris et l’Institut français d’urbanisme dont les origines remontent respectivement à 1919 et 1969. Deux institutions aux histoires assez différentes mais liées et qui ont fini par ne faire qu’une.
A l’origine de l’Institut d’urbanisme de Paris, l’École des hautes études urbaines (1919-1924)
En 1919, en lien avec le vote de la première grande loi française en matière d’urbanisme, la loi Cornudet, est créé le premier lieu officiel d’enseignement de cette nouvelle discipline : l’École des hautes études urbaines (EHEU), à l’initiative du Conseil général du département de la Seine qui regroupait alors Paris et la première couronne. Installée dans les locaux de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, rue de Sévigné, dans le quartier du Marais, sa mission dépasse l’enseignement alors que l’urbanisme est conçu comme une véritable nouvelle cause sociale.
Elle publie notamment une revue, La Vie Urbaine, qui sera jusqu’en 1977, avec une interruption de 1940 à 1950, le reflet des idées et recherches portées par l’institution. Cette école, créée par de fortes personnalités parfois en marge de l’Université, décide d’associer plusieurs disciplines, notamment celles qui étaient présentes au sein de l’Institut d’Histoire, de Géographie et d’Economie Urbaines fondé en 1916 qui est un des ancêtres de l’EHEU. A une époque où se séparent les disciplines universitaires, l’approche pluridisciplinaire de cette entreprise est particulièrement originale. Outre le diplôme de l’École, débouchant sur la présentation d’une thèse d’urbanisme, une Section de perfectionnement administratif, rapidement organisée sous le nom d’École nationale d’administration municipale (ENAM), se constitue au fil des années 1920 pour assurer une formation continue des fonctionnaires municipaux des communes urbaines et suburbaines
Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, 28 rue de Sévigné à Paris, siège de l’École des hautes études urbaines de 1919 à 1924.
Quand l’École intègre la Sorbonne : l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris (1924-1969)
En 1924, l’École intègre l’université et le bâtiment de la Sorbonne en devenant l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris (IUUP) rattaché à la faculté de droit. Son statut confère cependant à l’Institut une certaine autonomie administrative et pédagogique et un diplôme spécifique, le DIUUP. En 1933, il rejoint le spectaculaire bâtiment construit pour abriter l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet dans le VIeme arrondissement, qui restera son adresse durant plus de trente ans. Le prestige international de l’Institut est grand: les longues listes d’étudiants étrangers des années 1920 et 1930 en témoignent. A partir des années 1940, l’enseignement se divise entre «enseignements généraux», assurés par des universitaires, et «enseignements techniques», assurés par des architectes, ingénieurs, géomètres. L’ENAM tend, elle, à se couper de plus en plus d’un Institut qui évolue peut-être moins vite que le contexte institutionnel et socio-économique dans lequel il s’insère. L’institution conserve son prestige national et international, attirant de plus en plus d’étudiants, mais manquera de disparaître dans les événements de mai 68. Malgré une importante réforme de l’enseignement, la pédagogie de l’Institut est alors profondément remise en cause.
Le bâtiment de l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet, siège de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Paris de 1933 à 1969
De Paris à Créteil : vers l’Institut d’urbanisme de Paris (1969-2015)
Quand l’Université de Paris éclate en plusieurs établissements, l’Institut déménage en étant rattaché à la nouvelle Université de Paris IX-Dauphine, dominée par l’économie. Une nouvelle équipe pédagogique se constitue, intégrant les acquis critiques de mai 68. Mais l’expérience est éphémère : l’Institut n’y trouvera pas pour autant un nouvel équilibre et sa dissolution est votée par son conseil de gestion en 1971. Finalement, il est recréé en 1972 par décision ministérielle comme unité d’enseignement et de recherche (UER) de troisième cycle rattaché à l’Université de Paris-XII-Val-de-Marne, située à Créteil. Consacré à l’étude « de l’environnement sous tous ses aspects », il rejoint un site emblématique des vastes transformations urbaines en cours dans la région parisienne. Les orientations pédagogiques et scientifiques des années 1970 renforcent d’abord les savoirs «techniques» de l’urbanisme (droit, génie urbain, transports...), ce qui contribue sans doute à ce moment à nourrir une image «technocratique» de l’Institut. A ces disciplines s’ajoutent l’économie et la gestion urbaines, mais aussi les sciences humaines. A côté d’une activité d’étude, une recherche importante s’y développe. Elle est un temps structurée de façon unitaire et à partir de contrats, puis dans différentes équipes de recherche (le LEDALOR, LRVTM, L’OEIL, le CREPPE, le CRETUES, Vie Urbaine-LOUEST, e CRETEIL). En 1992, le Diplôme de l’Institut d’urbanisme de Paris (DIUP) spécifique devient Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS). Après vingt-huit années de présence au Centre multidisciplinaire de l’Université de Paris XII et un passage provisoire de 2000 à 2005 dans l’immeuble La Pyramide, l’IUP s’installe de 2005 à 2014 dans un bâtiment dédié, construit par l’Université sur le campus du Mail-des-Mèches. Entre temps, la réforme LMD a aboutit à la création d’un Master unique.
Logo de l’Institut d’urbanisme de Paris jusqu’en 2011
A l’origine de l’Institut français d’urbanisme, un département du Centre universitaire expérimental de Vincennes (1969-1980)
Concert au Centre universitaire expérimental de Vincennes, future Université Paris VIII, où est créé en 1969 un département d’urbanisme.
En parallèle est fondé dès 1969 un nouveau lieu officiel d’enseignement de l’urbanisme dans la région parisienne. Il s’inscrit pleinement dans l’esprit du mouvement de mai 68 et la contestation de la pédagogie dispensée jusqu’alors à l’IUUP, et participe à une expérience unique dans l’histoire de l’enseignement supérieur en France, celle du Centre universitaire expérimental de Vincennes. Cet établissement est conçu à la rentrée 1968 pour expérimenter des pédagogies « progressistes » nouvelles (unités de valeurs, pluridisciplinarité, enseignement par séminaire, etc.) et rassemble rapidement plusieurs grands noms de la philosophie et des sciences humaines. Il est implanté dans le Bois de Vincennes. C’est durant la première année qu’à la demande d’un groupe d’étudiants est créé un département d’Urbanisme. Son enseignement est dès le départ très ouvert et basé sur les sciences humaines et sociales. Surtout, d’une manière très originale, il couvre l’ensemble du cursus universitaire, du 1er cycle au doctorat. L’équipe des cinq premiers professeurs est progressivement renforcée avec l’arrivée d’enseignants issus de l’administration, des services du ministère de l’Equipement, de bureaux d’études publics, d’agences d’architecture : économistes, ingénieurs, architectes praticiens. Ces derniers seront plus particulièrement chargés des ateliers. Pour asseoir sa reconnaissance en particulier face à l’Institut d’urbanisme de Paris, il est renommé en 1976 Institut d’urbanisme de l’Académie de Paris (IUAP) alors que le centre universitaire est devenu l’Université Paris VIII. Il accueille dès lors un nombre croissant d’étudiants venus des pays en voie de développement principalement pour atteindre plusieurs centaines d’étudiants.
La transformation en Institut français d’urbanisme (1980-1987)
Logo de l’Institut français d’urbanisme jusqu’en 2015.
En 1980, l’IUAP suit l’Université Paris VIII à Saint-Denis où elle est contrainte de s’installer. Des réformes suivent rapidement. L’année suivante, une réorientation vers une approche plus « professionnalisante » aboutie à l’abandon de l’enseignement de 1er cycle et l’investissement en deuxième cycle avec une simple troisième année de licence d’initiation à l’urbanisme. Dans le même mouvement, un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) est créé avec un cursus de deux années au lieu d’un seul. Plus généralement, cette évolution a permis de redéfinir des spécialités dans l’enseignement : développement local, informatique en urbanisme, projets urbains et leur conduite, aménagement dans les villes des pays en voie de développement. Dans une logique de montée en puissance, l’IUAP est renommé en 1984 Institut français d’urbanisme (IFU). Cette même année la recherche est organisée notamment sous la forme du laboratoire Recherche urbaine, politique d’habitat et urbanisme dans les pays du Sud (RUPHUS) et du Laboratoire théories des mutations urbaines (LTMU) qui devient unité mixte de recherche du CNRS deux ans plus tard.
L’intégration de l’Institut français d’urbanisme à la Cité Descartes de Marne-la-Vallée (1987-2015)
En 1987, l’IFU déménage dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. C’est en 1991 qu’il intègre enfin le bâtiment construit spécialement pour son usage sur le site de la Cité Descartes et qu’il occupera pendant près de 25 ans. Dès le début des années 1990, alors qu’est créée l’Université de Marne-la-Vallée, il est prévu que ce site accueille un pôle de formation et de recherche sur la ville : après l’IFU, s’y implantent l’Ecole nationale des ponts et chaussées et l’Ecole nationale des sciences géographiques, l’Ecole d’architecture de la ville et des territoires mais aussi des institutions de recherche avec la création, plus tard, de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR). L’IFU qui a stabilisé ses effectifs et ses équipes pédagogiques dès la fin des années 1980, est confronté au milieu des années 1990 à des interrogations moins sur sa pédagogie que sur son projet et son identité entre filiation avec l’héritage« progressiste et ouvert » de l’Université Paris VIII et engagement dans une nouvelle perspective au moment où les mondes de l’urbanisme étaient entrés dans de profonds changements. Ce difficile débat aboutit au choix de rejoindre l’Université de Marne-La-Vallée en 2009 et de se rapprocher de l’Institut d’urbanisme de Paris. Ici aussi, la réforme LMD abouti à la création d’un Master unique.
Le bâtiment spécifique au sein de la Cité Descartes à Marne-la-Vallée qui accueille l’Institut français d’urbanisme de 1991 à 2014.
L’Ecole d’urbanisme de Paris : un nouveau chapitre de cette histoire
Dans les années 2000, les différences s’estompent entre les deux instituts situés dans l’Est parisien alors qu’un vaste mouvement de regroupement universitaire est engagé. Dès 2009 deux de ses laboratoires de recherche fusionnent avant que le projet de regrouper les instituts n’aboutisse à leur déménagement commun dans le bâtiment Bienvenüe de la Cité Descartes en 2014. La création de l’École d’urbanisme de Paris autour d’un Master commun un an plus tard ouvre une nouvelle page d’une histoire déjà riche et désormais commune.
De la naissance de la Cité Descartes...
La Cité Descartes a trente ans. Décidée en 1983, elle s’est construite progressivement, et la recherche comme la formation sur la ville en ont été le moteur. En 1987, le Comité Interministériel d’aménagement du territoire décide de son implantation sur le site de l’Institut français d’urbanisme (IFU), alors dépendant de l’Université Paris 8. Cette décision essentielle est suivie quatre ans plus tard, en 1991, par la création de l’Université de Marne-la-Vallée. À partir de ce moment, la question de la ville prend de l’ampleur dans la Cité Descartes. Dès 1992, le CNRS y envisage la fondation d’une Maison des Sciences de la Ville. Pourtant, suite à un changement de gouvernement, cette idée est abandonnée en 1994, puis refait surface en 1998, pour être définitivement écartée pour raisons financières par la suite.
Mais entretemps la Cité Descartes s’agrandit ou plutôt se remplit. En 1997, l’École Nationale des Ponts et Chaussées commence à s’y installer, suivie en 1999 par l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires. En 2005, l’État via sa politique des pôles de compétitivité crée Advancity, pôle à vocation mondiale centré sur la Ville Durable. Le thème de la ville devient primordial pour l’avenir de la Cité Descartes, mais ce thème reste dispersé entre plusieurs institutions. Il demeure encore balbutiant et l’université y reste marginale. Les choses vont commencer à évoluer à partir de 2007 avec la création du PRES (pôle de recherche et d'enseignement supérieur) de l'Université Paris-Est qui affiche une thématique forte axée sur "Ville, Environnement et leurs ingénieries". L’idée d’un rapprochement entre deux grands instituts d'urbanisme français, à savoir l’IFU (Institut français d’urbanisme) et l’IUP (Institut d'Urbanisme de Paris) commence alors à germer.
... à l'idée de la constitution d'un Pôle Ville
En 2009, l’Université de Marne-la-Vallée et Paris-XII — L'université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne, qui allaient respectivement devenir l’UPEM (Université Paris-Est Marne-la-Vallée) et l’UPEC (Université Paris-Est Créteil), émettent l’idée d’un rapprochement entre les deux instituts d’urbanisme sur la Cité Descartes, baptisé "Institut de la Ville". La même année, le processus de construction du bâtiment Bienvenüe est lancé. Fin 2009, dans l’idée de la création de cet Institut de la Ville, l’IFU rejoint l’UPEM.
À partir de 2010, les choses s’accélèrent. Le PRES lance le "Pôle Ville", lieu de coopération et d’animation sur les problématiques liées à la ville. La Ville devient ainsi, avec l’autre pôle "Santé et société", l’une des deux thématiques prioritaires du PRES. La même année, l’IFU et l’IUP entreprennent les premières discussions concernant leur rapprochement. L’année suivante, en 2011, un pas nouveau est franchi avec la création du Labex Futurs Urbains, au titre du Programme d’Investissements d’Avenir. Établi pour 10 ans, il fédère 13 équipes de recherche sur la ville, regroupant plus de 400 chercheur.euses et doctorant.es.
La création d'une École d'Urbanisme de Paris
La construction du bâtiment Bienvenüe avance. Le ministère de l’Enseignement Supérieur et le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie décident d’implanter plusieurs de leurs organismes de recherche (IFSTTAR* et CSTB** notamment) dans la Cité Descartes. Ils s’installent prioritairement dans le bâtiment Bienvenüe qui ouvre ses portes en 2012, au moment où la Cité Descartes est labellisée "pôle d’excellence du Grand Paris". Elle doit accueillir deux gares du Grand Paris Express. Une année plus tard, en 2013, l’État créé un institut de recherche et développement pour la transition énergétique de la ville, dénommé Efficacity qui lui aussi s’installe à la Cité Descartes dans le bâtiment Bienvenüe.
En parallèle, l’IFU et l’IUP entreprennent des premières actions communes, comme les Journées Grand Paris et un parcours européen de Master. Mais l’officialisation de leur rapprochement intervient en juin 2012 via le vote, par les deux universités, de leur déménagement dans le bâtiment Bienvenüe pour la rentrée 2013. Cette année-là, les deux instituts organisent en effet une première rentrée commune et décident de s’appeler "École d’Urbanisme de Paris" (EUP). Ils élaborent conjointement une offre de formation unique, le Master Urbanisme et Aménagement de l’EUP, soumis à l’accréditation du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour une ouverture en septembre 2015. Leurs deux conseils de gestion se réunissent pour la première fois de manière conjointe en préfiguration de ce qui sera le conseil de l’EUP. Pourtant, des retards dans la livraison finale des locaux repoussent d’une année leur emménagement et ce n’est qu’en septembre 2014 que l’IUP vient s’installer dans le bâtiment Bienvenue aux côtés de l’IFU.
*IFSTTAR : Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux.
**CSTB : Centre scientifique et technique du bâtiment.
Vous souhaitez en savoir plus ?
▪ Histoire de l’Institut Français d’Urbanisme (pdf).
▪ Histoire de l’Institut d'urbanisme de Paris (pdf).
Double chronologie de l'IUP et de l'IFU
Chronologie de l'histoire de l'IUP et de l'IFU
Chronologies détaillées et parallélisées des Institut d'urbanisme de Paris (IUP) et Institut français d'urbanisme (IFU). Par Laurent Coudroy de Lille (professeur à l'EUP), Clément Orillard (maître de conférences à l'EUP) et José Mayorga (responsable de la bibliothèque historique Poëte et Sellier).
Télécharger la friseLogotypes de l'EUP
Premier logo
Le premier logo, provisoire, de l'École d'Urbanisme de Paris. Pour en savoir plus sur cette double identité, vous pouvez consulter l'histoire du double anniversaire de l'EUP, en 2019 (100 ans de l'IUP et 50 ans de l'IFU).
Logo actuel
Le logo actuel de l'EUP. Pour le télécharger ou consulter la charte graphique de l'École d'Urbanisme de Paris, rendez-vous dans l'Espace Presse.